Les schistes de Burgess

Spartobranchus tenuis

Spartobranchus tenuis, ROMIP 65137

Taxonomie:

Règne: Épibenthique
Embranchement: Épibenthique
Assignation taxonomique d’ordre supérieur: Enteropneusta
Nom d’espèce: Spartobranchus tenuis
Remarques:

Spartobranchus est considéré comme faisant partie du groupe souche des entéropneustes ; il présente de nombreuses similitudes avec les entéropneustes actuels (Caron et al., 2013 ; Nanglu et al., 2020). Son corps tripartite, typique de ce groupe, est constitué d’un rostre en forme de gland, d’un collier cylindrique et d’un tronc allongé.

Nom du descripteur: Walcott
Date de la description : 1911 (nouvelle description en 2013)
Étymologie :

Spartobranchus – du grec ancien sparte, « corde (faite à partir du spartier) » et brankhia, « branchies ».

tenuis – mot latin signifiant « délicat, mince ».

Spécimens types : Lectotype – USNM 108494 ; Paralectotype – USNM 553526.
Autres espèces :

Schistes de Burgess et environs : aucune
Autres dépôts : aucune

Âge et Sites

Age :
Cambrien moyen, étage Wuliuen, formation des schistes de Burgess (environ 507 millions d’années).
Sites principaux :

Carrière Walcott.

Histoire de la recherche

Bref historique de la recherche :

Spartobranchus tenuis a été décrit pour la première fois par Walcott en 1911 comme un ver priapulide nommé Ottoia tenuis. Il a été retiré du genre Ottoia par Conway Morris en 1979, et formellement redécrit comme Spartobranchus tenuis, un entéropneuste, par Caron et ses collaborateurs en 2013.

Description

Morphologie :

Spartobanchus est un ver de petite taille, atteignant une longueur maximale de 10 cm. Son corps se compose de trois parties principales : un rostre, un collier et un tronc long et mince. Le rostre est ovale ou en forme de gland, d’où le nom commun anglais d’acorn worms (« ver gland ») donné à ces animaux. Le collier est une section cylindrique relativement courte derrière le rostre. Le tronc représente 90 à 95 % de la longueur totale du corps. Le corps entier est très flexible, et le rostre souvent replié sur lui-même. La partie antérieure du tronc s’appelle le pharynx, à l’intérieur duquel on observe des barres vraisemblablement collagineuses appelées barres branchiales, qui donnent à la structure son apparence striée. La partie postérieure du tronc renferme le tube digestif et est d’aspect relativement banal. Elle est souvent préservée sous une forme plus sombre que le reste du corps. L’extrémité postérieure du tronc se termine par une structure bulbeuse qui aurait pu servir à arrimer l’animal. Un quart environ des spécimens découverts s’accompagnent de tubes d’aspect fibreux qui étaient sécrétés par les vers. Ces tubes d’apparence ondulée peuvent prendre plusieurs formes : droite, fourchue, spiralée ou circulaire.

Abondance :

Plus de 9 000 spécimens, ce qui en fait l’espèce la plus abondante de la carrière Walcott.

Taille maximum :
Environ 10 cm.

Écologie

Mode de vie : Épibenthique
Mode d'alimentation : Épibenthique
Interprétations écologiques :

Spartobranchus était probablement un animal détritivore, car c’est le mode d’alimentation le plus courant chez les entéropheustes actuels qui sont morphologiquement très similaires. La présence d’un organe ciliaire préoral sur le rostre donne également à penser que les particules alimentaires étaient transportées du rostre à la bouche. L’animal était peut-être aussi un filtreur, compte tenu de l’aptitude de certains hémichordés fouisseurs à filtrer les particules d’aliments présentes dans l’eau interstitielle. Les tubes auxquels Spartobranchus est associé auraient servi d’habitation protectrice et étaient sécrétés par le rostre. Ces vers partageaient ce trait avec leurs proches parents, les graptolites. Certains grands tubes de la carrière Raymond (située à environ 20 m au-dessus de la carrière Walcott) semblent également contenir des entéropneustes dont la morphologie rappelle celle de Spartobranchus, mais qui n’ont toujours pas été formellement décrits (Nanglu et Caron, 2021). Ces tubes renfermaient également des polychètes, ce qui pourrait signifier l’existence d’une relation symbiotique entre ces vers.

Références

  • CARON, J.-B., CONWAY MORRIS, S., AND C. B. CAMERON. 2013. Tubicolous enteropneusts from the Cambrian period. Nature 495: 503-506
  • CONWAY MORRIS, S. 1979. The Burgess Shale (Middle Cambrian) fauna. Annual Review of Ecology, Evolution, and Systematics 10: 327–349.
  • NANGLU, K. AND J.-B. CARON. 2021. Symbiosis in the Cambrian: enteropneust tubes from the Burgess Shale co-inhabited by commensal polychaetes. Proceedings of the Royal Society B 288 (1951): 20210061.
  • NANGLU, K., J.-B. CARON, AND C. B. CAMERON. 2020. Cambrian tentaculate worms and the origin of the hemichordate body plan. Current Biology 30 (21): 4238-4244
  • WALCOTT, C. 1911. Cambrian Geology and Paleontology II. Middle Cambrian annelids. Smithsonian Miscellaneous Collections, 57(5): 109-145.
Autres liens :

Siphusauctum gregarium

Siphusauctum gregarium, ROMIP 61423

Taxonomie:

Règne: Épibenthique
Embranchement: Épibenthique
Assignation taxonomique d’ordre supérieur: Aucune
Nom d’espèce: Siphusauctum gregarium
Remarques:

Siphusauctum fut d’abord comparé à plusieurs animaux pédonculés fossiles ou modernes, y compris les cténophores (O’Brien et Caron, 2012). En dépit de certaines ressemblances, les auteurs finirent par rejeter l’idée d’une relation étroite de cet animal avec un quelconque groupe existant ou fossile, sauf peut-être avec Dinomischus, un autre animal pédonculé énigmatique découvert dans les schistes de Burgess (Conway Morris, 1977) et en Chine. Il a été suggéré plus récemment que Siphusauctum pourrait faire partie d’un groupe souche des cténophores (Zhao et al., 2019).

Nom du descripteur: O’Brien et Caron
Date de la description : 2012
Étymologie :

Siphusauctum – du latin siphus, « tasse » ou « coupe » et auctus, « augmentation »

gregarium – du latin gregalis, qui signifie « qui va en groupe », en référence aux grands amas de spécimens récupérés

Spécimens types : Holotype ROMIP 61414 ; paratypes ROMIP 61413, 61415, 61421, conservés au Musée royal de l’Ontario, Toronto (Ontario), Canada
Autres espèces :

Schistes de Burgess et environs : aucune

Autres dépôts : Siphusauctum lloydguntheri des schistes de Spence, en Utah (Kimmig et al., 2017

Âge et Sites

Age :
Cambrien moyen, étage Wuliuen, formation des schistes de Burgess (environ 505 millions d’années).
Sites principaux :

Mount Stephen (Tulip Beds), Colombie-Britannique.

Histoire de la recherche

Bref historique de la recherche :

Les Tulip Beds (« couches à tulipes », appelés à l’origine « locality 8 » (Collins et al., 1983) et plus tard « S7 » [Fletcher et Collins, 2003]) ont été découvertes en 1983. Cependant, ce n’est qu’à l’issue d’un examen détaillé de l’ensemble du matériel recueilli au cours de multiples expéditions sur le terrain dirigées par le ROM qu’une description formelle de cette espèce a été publiée (O’Brien et Caron, 2012), suivie d’une étude paléo-écologique quantitative.

Description

Morphologie :

Cet animal est constitué de trois parties : un crampon, une tige et une grande structure en forme de calice. La structure en forme de calice est la partie la plus visible : elle se compose d’une gaine externe continue, perforée par l’anus au sommet et par six orifices à la base, enveloppant six éléments cténoïdes disposés autour d’une grande cavité centrale. Les éléments internes sont disposés en demi-lune et entourés d’une membrane finement striée. Ils sont chacun composés de deux séries de 30 canaux transversaux (ou rainures) rayonnant de part et d’autre d’un canal axial plus grand. Derrière l’anus, la cavité corporelle englobe un tube digestif composé d’un intestin étroit et d’une zone plus large, représentant peut-être l’estomac, à la base du tube et au-dessus d’une zone conique qui se raccorde à la tige. La tige est composée d’un élément interne et d’un élément externe. Elle est liée directement à un crampon bulbeux ou plat. Au moins un spécimen laisse deviner la présence d’un tube entre l’estomac et la tige interne. L’élément externe se termine abruptement avant le crampon.

Abondance :

1 133 spécimens, ce qui en fait l’une des espèces les plus abondantes des Tulip Beds, à qui il donne le nom (O’Brien et Caron, 2016).

Taille maximum :
Environ 22 cm de hauteur

Écologie

Mode de vie : Épibenthique
Mode d'alimentation : Épibenthique
Interprétations écologiques :

La morphologie et les caractéristiques internes de cet animal donnent fortement à penser qu’il s’agissait que son écologie sessile était facultative – c’est-à-dire qu’il aurait pu se détacher de son pédoncule pour se déplacer – et qu’il se nourrissait activement par filtration active. L’expansion et la contraction du calice auraient permis à l’eau et aux nutriments de circuler à travers les éléments cténoïdes.

Références

  • COLLINS, D., BRIGGS, D. E. G. and CONWAY MORRIS, S. 1983. New Burgess Shale fossil sites reveal Middle Cambrian faunal complex. Science, 222, 163-167.
  • CONWAY MORRIS, S. 1977. A new entoproct-like organism from the Burgess Shale of British Columbia. Palaeontology, 20, 833-845.
  • FLETCHER, T. P. and COLLINS, D. 2003. The Burgess Shale and associated Cambrian formations west of the Fossil Gully Fault Zone on Mount Stephen, British Columbia. Canadian Journal of Earth Sciences, 40, 1823-1838.
  • KIMMIG, J., STROTZ, L. C. and LIEBERMAN, B. S. 2017. The stalked filter feeder Siphusauctum lloydguntheri n. sp. from the middle Cambrian (Series 3, Stage 5) Spence Shale of Utah: its biological affinities and taphonomy. Journal of Paleontology, 91, 902-910.
  • O’BRIEN, L. J. and CARON, J.-B. 2012. A new stalked filter-feeder from the Middle Cambrian Burgess Shale, British Columbia, Canada. PLoS ONE, 7, e29233.
  • O’BRIEN, L. J. and CARON, J.-B. 2016. Paleocommunity Analysis of the Burgess Shale Tulip Beds, Mount Stephen, British Columbia: Comparison with the Walcott Quarry and Implications for Community Variation in the Burgess Shale. Paleobiology, 42, 27-53.
  • ZHAO, Y., VINTHER, J., PARRY, L. A., WEI, F., GREEN, E., PISANI, D., HOU, X., EDGECOMBE, G. D. and CONG, P. 2019. Cambrian sessile, suspension feeding stem-group ctenophores and evolution of the comb jelly body plan. Current Biology, 29, 1112-1125.e2.
Autres liens :

Pakucaris apatis

Pakucaris apatis, holotype ROMIP 65739

Taxonomie:

Règne: Épibenthique
Embranchement: Épibenthique
Assignation taxonomique d’ordre supérieur: Hymenocarines, Famille : Odaraiidae
Nom d’espèce: Pakucaris apatis
Remarques:

Les hyménocarines étaient des arthropodes ancestraux dotés de carapaces bivalves et de mandibules, formant l’essentiel des premiers mandibulés (représentés aujourd’hui par les myriapodes, les crustacés et les insectes) (Aria et Caron, 2017; Vannier et al., 2018). Chez de nombreux hyménocarines, dont Pakucaris, il reste difficile de déterminer le nombre exact et les types d’appendices de la tête, ce qui rend difficile une compréhension détaillée des rapports évolutifs à l’intérieur de ce groupe. Pakucaris appartient très probablement à la famille des Odaraiidae, un groupe d’hyménocarines au corps fortement multisegmenté, aux antennes réduites ou absentes et aux pattes fortement multisegmentées.

Nom du descripteur: Izquierdo-López et Caron
Date de la description : 2021
Étymologie :

Pakucaris – de l’onomatopée japonaise paku, suggérant « manger », inspirée du personnage de jeu vidéo Pac-Man, en référence à la forme de la carapace et du bouclier de Pakucaris qui ressemble à première vue à ce personnage, et du latin caris, qui signifie « crabe » ou « crevette ».

apatis – inspiré de Apaté, déesse de la mythologie grecque personnifiant la duperie, faisant référence à la ressemblance superficielle de Pakucaris avec un trilobite.

Spécimens types : Holotype ROMIP65739
Autres espèces :

Schistes de Burgess et environs : aucune
Autres dépôts : aucune

Âge et Sites

Age :
Cambrien moyen, étage Wuliuen, portion supérieure de la formation des schistes de Burgess (environ 507 millions d’années)
Sites principaux :

Marble Canyon, Tokumm Creek

Histoire de la recherche

Bref historique de la recherche :

L’holotype de Pakucaris apatis fut découvert lors de l’expédition de 2012 sur le site de Marble Canyon des schistes de Burgess. D’autres furent découverts lors des expéditions suivantes de 2014 et 2016 et classés comme « Nouvel arthropode E » (Nanglu et al., 2020). L’expédition de 2018 sur le site de Tokumm Creek permit de collecter un spécimen supplémentaire. La première description de Pakucaris apatis a été publiée en 2021 dans la revue Papers in Paleontology (Izquierdo-López et Caron, 2021). D’autres auteurs remarquèrent la similitude entre le bouclier de Pakucaris et les pygidiums (O’Flynn et al., 2022). Le pygidium est une structure observée chez les arthropodes, issue de la fusion des segments postérieurs, qui forme généralement un bouclier. Le pygidium est typiquement présent chez les trilobites, mais aussi dans de nombreux autres groupes du Cambrien, ce qui donne à penser que cette structure serait apparue plusieurs fois de manière indépendante.

Description

Morphologie :

Pakucaris présente deux morphotypes : un petit (environ 1 cm) dont le corps est subdivisé en 30-35 segments, et un plus grand (environ 2,5 cm), dont le corps est subdivisé en 70-80 segments. La carapace de Pakucaris couvre jusqu’aux deux tiers de la longueur totale du corps. Elle a une forme de dôme et est ornée d’une petite crête dorsale qui s’étend sur toute sa longueur. Elle se courbe vers l’avant et se prolonge par un petit processus (rostre). De même, les côtés latéraux de la carapace s’étendent également vers l’avant en de petits processus latéraux. La tête possède une paire d’yeux pédonculés, une paire de petits appendices fins et au moins une paire d’antennes segmentées plus grandes. Les petits appendices fins, probablement sensoriels, ne sont pas segmentés. Les premières antennes (également appelées antennules) comptent de 7 à 8 segments, chacun portant une petite épine. Chacun des segments du corps possède une paire de pattes, chacune subdivisée en deux branches (biramée) : une branche locomotrice (endopode) et une branche respiro-natatoire évasée (exopode). L’endopode est fin et compte au moins 20 une vingtaine de segments. L’exopode est ovoïde, aplati, et de moitié moins long que l’endopode.

La section postérieure du corps est recouverte d’une sorte de bouclier. Ce bouclier est le résultat de la fusion et de l’extension latérale des segments. Il porte environ 10 grandes épines sur chacune de ses faces latérales, ainsi qu’une série de petites épines sur sa face postérieure.

Abondance :

Pakucaris est rare. On n’en connaît que huit spécimens provenant des sites de Marble Canyon et de Tokumm Creek. On ne connaît qu’un seul spécimen du morphotype plus large.

Taille maximum :
Environ 2,5 cm.

Écologie

Mode de vie : Épibenthique
Mode d'alimentation : Épibenthique
Interprétations écologiques :

Pakucaris était probablement un animal nectobenthique vivant près du fond (Izquierdo-López et Caron, 2021). Il utilisait peut-être ses antennes munies d’épines pour gratter des roches ou d’autres objets, et ses exopodes en forme de pagaies pour créer des courants et capturer des particules organiques, aidé par ses antennes et autres appendices céphaliques. Le bouclier caudal (ou pygidium) de Pakucaris était très probablement une structure de protection contre les prédateurs. Les deux morphotypes de Pakucaris peuvent représenter différents stades de croissance des mâles et des femelles, mais le nombre de spécimens disponibles à ce jour est trop limité pour parvenir à une conclusion.

 

Références

  • ARIA, C. and CARON, J. B. 2017. Burgess Shale fossils illustrate the origin of the mandibulate body plan. Nature, 545: 89–92.
  • IZQUIERDO-LÓPEZ, A. and CARON, J. B. 2021. A Burgess Shale mandibulate arthropod with a pygidium: a case of convergent evolution. Papers in Palaeontology, 7: 1877–1894.
  • NANGLU, K., CARON, J. and GAINES, R. 2020. The Burgess Shale paleocommunity with new insights from Marble Canyon, British Columbia. Paleobiology, 46(1): 58–81.
  • O’FLYNN, R. J., WILLIAMS, M., YU, M., HARVEY, T. and LIU, Y. 2022. A new euarthropod with large frontal appendages from the early Cambrian Chengjiang biota. Palaeontologia Electronica, 25(1):a6: 1–21.
  • VANNIER, J., ARIA, C., TAYLOR, R. S. and CARON, J. B. 2018. Waptia fieldensis Walcott, a mandibulate arthropod from the middle Cambrian Burgess Shale. Royal Society Open Science, 5:172206.
Autres liens :

Gyaltsenglossus senis

Gyaltsenglossus senis, holotype, ROMIP 65606.1

Taxonomie:

Règne: Épibenthique
Embranchement: Épibenthique
Assignation taxonomique d’ordre supérieur: Aucune
Nom d’espèce: Gyaltsenglossus senis
Remarques:

Gyaltsenglossus est actuellement considéré comme un groupe souche des hémichordés. Il présente une combinaison de caractéristiques propres aux deux groupes d’hémichordés modernes : le long rostre et le corps vermiforme des entéropneustes, et la couronne de tentacules préhensilesdes ptérobranches.

Nom du descripteur: Nanglu et al., 2020
Date de la description : 2020
Étymologie :

Gyaltsen (prononcer « GEN-zay ») en hommage au père de l’auteur principal, et glossus, du grec glossa, « langue », suffixe générique commun des hemichordés

Senis du latin senex, « vieux »

Spécimens types : Holotype ROMIP 65606.1
Autres espèces :

Schistes de Burgess et environs : aucune
Autres dépôts : aucune

Âge et Sites

Age :
Cambrien moyen, étage Wuliuen, portion supérieure de la formation des schistes de Burgess (environ 507 millions d’années)
Sites principaux :

Mont Odaray, parc national Yoho

Histoire de la recherche

Bref historique de la recherche :

Gyaltsenglossus a été décrit en 2020 sur la base de 33 spécimens, tous recueillis sur le mont Odaray. Seul l’holotype présente toutes les caractéristiques anatomiques majeures.

Description

Morphologie :

Gyaltsenglossus est un ver d’environ 2 cm de longueur. L’extrémité antérieure présente un rostre musculeux allongé et ovoïde derrière lequel se trouvent six bras portant environ 15 paires de tentacules. Ces bras étaient environ 1,5 fois plus longs que le rostre. Les tentacules donnent aux bras un aspect général duveteux ou foliacé. Derrière les bras préhensiles, un tronc à peu près cylindrique s’amincit vers l’extrémité postérieure de l’animal. Du côté dorsal du tronc, directement derrière les tentacules, une zone surélevée conduit à un ensemble d’appendices fins et filiformes. En arrière du tronc se trouve une structure bulbeuse présentant les traces foncées caractéristiques de la présence de tissus interne. Cette structure pourrait représenter un épaississement des tissus. Chez certains spécimens, un tube digestif se terminant en avant de la structure bulbeuse postérieure est visible.

Abondance :

33 spécimens décrits

Taille maximum :
Environ 2 cm

Écologie

Mode de vie : Épibenthique
Mode d'alimentation : Épibenthique
Interprétations écologiques :

La morphologie de Gyaltsenglossus donne à penser qu’il avait une écologie alimentaire double. Son long rostre pouvait lui permettre de se nourrir directement de la boue des fonds marins sur lesquels il aurait vécu, à l’exemple des entéropneustes actuels. Les tentacules préhensiles auraient également pu servir à filtrer les particules alimentaires en suspension dans l’eau, comme le font les ptérobranches. L’appendice postérieur bulbeux aurait pu lui servir à s’arrimer au plancher marin, en particulier lorsqu’il se nourrissait de petites particules en suspension.

Références

  • NANGLU, K., J.-B. CARON, AND C. B. CAMERON. 2020. Cambrian tentaculate worms and the origin of the hemichordate body plan. Current Biology. 30 (21): 4238-4244
Autres liens :

Collinsovermis monstruosus

Collinsovermis monstruosus, holotype ROMIP 52703

Taxonomie:

Règne: Épibenthique
Embranchement: Épibenthique
Assignation taxonomique d’ordre supérieur: Ordre : Luolishaniida, Famille : Collinsovermidae
Nom d’espèce: Collinsovermis monstruosus
Remarques:

Collinsovermis fait partie d’une variété de taxons lobopodiens du Cambrien qui représentent les membres ancestraux de la lignée ayant donné naissance aux arthropodes, et dont les seuls survivants modernes sont les onychophores et les tardigrades. Les lobopodiens se caractérisent par un corps anneléet doté de membres mous appelés lobopodes. Collinsovermis est bardé d’une armure et membre de l’ordre des Luolishaniida, s’apparentant en particulier aux genres Collinsium et Luolishania de Chine, ou à Acinocricus de l’Utah avec lesquels il forme la famille des Collinsovermidae. Les Luolishaniidés se caractérisent par leurs fines épines appendiculaires disposées en chevrons et par la différenciation de leur corps en régions fonctionnelles, adaptées à l’alimentation de type suspensivore (Caron et Aria, 2017, 2020).

Nom du descripteur: Caron et Aria
Date de la description : 2020
Étymologie :

Collinsovermis – de Collins, en hommage à son découvreur, Desmond Collins, et vermis, mot latin signifiant « ver ».

monstruosus – du latin, en référence au surnom « monstre de Collins » proposé par Delle Cave et Simonetta (1991).

Spécimens types : Holotype – ROMIP 52703, paratypes – ROMIP 52704 et 52705 conservés au Musée Royal de l’Ontario, Toronto (Ontario), Canada.
Autres espèces :

Schistes de Burgess : aucune
Autres dépôts : aucune

 

Âge et Sites

Age :
Cambrien moyen, étage Wuliuen, zone à Bathyuriscus-Elrathina de la formation des schistes de Burgess (environ 507 millions d’années).
Sites principaux :

Mont Stephen.

Histoire de la recherche

Bref historique de la recherche :

Collecté lors d’une expédition du Musée Royal de l’Ontario au Mont Stephen en 1983, Collinsovermis fut présenté pour la première fois, sans nom ni description, dans le magazine Rotunda (ancêtre du magazine du Musée Royal de l’Ontario), une revue sans comité de lecture, sous la forme d’une seule image médiocre de l’holotype accompagnée de la légende (en anglais) : « Qu’est-ce ? Un nouvel animal épineux (4 cm) aux pattes velues dont le plan anatomique n’a jamais été observé auparavant ». En 1991, les paléontologues italiens Delle Cave et Simonetta proposèrent une brève description du taxon et une reconstitution basées uniquement sur la photographie fournie par Collins dans Rotunda, le surnommant « monstre de Collins ». Malgré l’absence de nom et de documentation adéquate, le monstre de Collins a figuré à plusieurs reprises dans des études abordant l’évolution et la phylogénie des lobopodiens (par exemple, Ramsköld et Chen 1998 ; Budd, 2001; Ou et al., 2011 ; Caron et Aria, 2017). Ce n’est qu’en 2020 que l’animal fut formellement nommé Collinsovermis monstruosus, en l’honneur de Desmond Collins, et entièrement décrit sur la base de l’ensemble du matériel disponible (Caron et Aria, 2020).

Description

Morphologie :

Collinsovermis a une apparence dodue, avec un corps annelé, divisé en régions antérieure et postérieure. Le dos est entièrement couvert d’épines bien développées – trois paires courtes couvrent les trois premiers somites (« segments du corps ») derrière la tête, tandis que des triades d’épines longues couvrent les 10 somites restants. La portion antérieure porte 6 paires de lobopodes allongés à épines fines disposées en chevrons, et une petite tête protubérante portant une paire de filaments sensoriels ainsi qu’une petite plaque dorsale et une bouche frontale. La portion postérieure porte du côté ventral 8 paires de lobopodes annelés robustes se terminant par des pinces fortes et simples.

Abondance :

Comme les autres lobopodiens, Collinsovermis est excessivement rare. Il n’en existe que 3 spécimens connus, tous de la carrière Collins du mont Stephen (Fletcher et Collins, 2003). Ils sont conservés au Département d’histoire naturelle du Musée Royal de l’Ontario.

Taille maximum :
32 mm.

Écologie

Mode de vie : Épibenthique
Mode d'alimentation : Épibenthique
Interprétations écologiques :

Collinsovermis est un exemple emblématique d’adaptation au mode d’alimentation suspensivore chez les lobopodiens, en association à des structures défensives fortement développées. Comme les autres membres de l’ordre des Luolishaniida, et ceux de la famille éponyme, cet animal utilisait ses solides membres postérieurs pour s’ancrer (probablement sur des éponges) et ses minces membres antérieurs épineux pour filtrer les particules organiques ou le plancton. Ses longues épines dorsales servaient très certainement à la dissuasion.

Références

  • BUDD, G. E. 2001. Tardigrades as ‘stem-group arthropods’: The evidence from the Cambrian fauna. Zoologischer Anzeiger, 240, 265–279.
  • CARON, J. and ARIA, C. 2020. The Collins’ monster, a spinous suspension‐feeding lobopodian from the Cambrian Burgess Shale of British Columbia. Palaeontology, 63, 979–994.
  • CARON, J.-B. and ARIA, C. 2017. Cambrian suspension-feeding lobopodians and the early radiation of panarthropods. BMC Evolutionary Biology, 17, 29.
  • DELLE CAVE, L. and SIMONETTA, A. M. 1991. Early Palaeozoic arthropods and problems of arthropod phylogeny; with some notes on taxa of doubtful affinities. In S, S. A. M. C. M. (ed.) The Early Evolution of Metazoa and the Significance of Problematic Taxa. Proceedings of an International Symposium Held at the University of Camerino 27-31 March 1989, Cambridge University Press, 189–244 pp.
  • FLETCHER, T. P. and COLLINS, D. 2003. The Burgess Shale and associated Cambrian formations west of the Fossil Gully Fault Zone on Mount Stephen, British Columbia. Canadian Journal of Earth Sciences, 40, 1823–1838.
  • OU, Q., LIU, J., SHU, D., HAN, J., ZHANG, Z., WAN, X. and LEI, Q. 2011. A rare onychophoran-like lobopodian from the lower Cambrian Chengjiang Lagerstätte. Journal of Paleontology, 85, 587–594.
  • RAMSKÖLD, L. and CHEN, J. Y. 1998. Cambrian lobopodians: morphology and phylogeny. In EDGECOMBE, G. D. (ed.) Arthropod Fossils and Phylogeny, Columbia University Press, New York, 107–150 pp.
Autres liens :

Ovatiovermis cribratus

Reconstitution artistique d’Ovatiovermis cribratus. Danielle Dufault © ROM

Taxonomie:

Règne: Épibenthique
Embranchement: Épibenthique
Assignation taxonomique d’ordre supérieur: Ordre : Luolishaniida
Nom d’espèce: Ovatiovermis cribratus
Remarques:

Ovatiovermis fait partie d’un groupe de lobopodiens du Cambrien, membres primitifs de la lignée qui a conduit aux arthropodes et dont les seuls survivants modernes sont les onychophores (vers de velours) et les tardigrades (oursons d’eau). Les lobopodiens se caractérisent par leur corps annelé, non articulé, muni de membres mous appelés lobopodes. Comme Facivermis, O. cribratus fait partie d’une lignée particulière d’animaux « dépourvus d’armure » appartenant à l’ordre des Luolishaniida et qui se caractérisent notamment par leurs fines épines disposées en chevrons et la différenciation de leur corps en régions fonctionnelles adaptées au mode d’alimentation filtreur (Caron et Aria, 2017, 2020).

Nom du descripteur: Caron et Aria
Date de la description : 2017
Étymologie :

Ovatiovermis – du latin ovatio (ovation) and vermis (ver) faisant référence à la position qu’il aurait adoptée pour se nourrir, debout sur ses lobopodes arrières et agitant les membres avant au-dessus de sa tête.

cribratus – du latin cribrare, qui signifie « cribler », ou « tamiser ».

Spécimens types : Holotype ROMIP 52707 ; paratype ROMIP 64006 conservés au Musée royal de l’Ontario, Toronto (Ontario), Canada.
Autres espèces :

Schistes de Burgess et environs : aucune
Autres dépôts : aucune

Âge et Sites

Periode :
Cambrien moyen, étage Wuliuen, zone à Bathyuriscus-Elrathina de la formation des schistes de Burgess (environ 507 millions d’années).
Sites principaux :

Carrière Walcott sur la crête aux Fossiles.

Histoire de la recherche

Bref historique de la recherche :

Bien que le premier spécimen (et le plus complet) ait été découvert en 1994 lors d’une des expéditions du ROM, Ovatiovermis n’a été décrit qu’en 2017 par Caron et Aria. Il a servi à illustrer les stratégies d’alimentation par filtration au début de l’évolution des panarthropodes, et a incité à analyser l’étendue et l’importance de ce mode de vie chez les autres lobopodiens.

Description

Morphologie :

Ovatiovermis possède un corps tubulaire vermiforme, divisé en trois sections : une section antérieure munie de deux paires de lobopodes très longs et armés de fines épines disposées en chevrons et se terminant par des pinces jumelées ; une section médiane munie de quatre paires de lobopodes semblables mais plus petits ; une section postérieure munie de trois paires de lobopodes très robustes se terminant chacun par une pince puissante. La tête est petite et porte une paire d’organes visuels simples et un pharynx réversible. La surface du corps est dépourvue de tout sclérite ou épine. Les plis cuticulaires sont visibles dans l’espace qui sépare les lobopodes.

Abondance :

Seulement deux spécimens. L’holotype (ROMIP 52707) a été recueilli en 1994 dans l’assemblage de couches – 120 (environ 1,2 m sous la base du plancher original de la carrière Walcott), lequel se distingue des autres assemblages par le fait qu’il contient des spécimens particulièrement bien conservés appartenant à un éventail de taxons (92 espèces). Le paratype (ROMIP 64006) a été trouvé en 2016 par un invité lors d’une randonnée guidée dans la carrière Walcott, et transmis à Jean-Bernard Caron par le bureau des interprètes du parc.

Taille maximum :
25 mm

Écologie

Mode de vie : Épibenthique
Mode d'alimentation : Épibenthique
Interprétations écologiques :

Avec ses appendices antérieurs tamiseurs et ses appendices postérieurs préhensiles, Ovatiovermis est un exemple de spécialisation d’alimentation suspensivore chez les lobopodiens. Il s’agrippait probablement à des éponges et se tenait droit debout pour attraper des particules de nourriture ou du plancton.

Références

Bibliographie :
  • CARON, J. and ARIA, C. 2020. The Collins’ monster, a spinous suspension‐feeding lobopodian from the Cambrian Burgess Shale of British Columbia. Palaeontology, 63, 979–994.
  • CARON, J.-B. and ARIA, C. 2017. Cambrian suspension-feeding lobopodians and the early radiation of panarthropods. BMC Evolutionary Biology, 17, 29.
Autres liens :

Balhuticaris voltae

Balhuticaris voltae, holotype ROMIP 66238

Taxonomie:

Règne: Épibenthique
Embranchement: Épibenthique
Higher Taxonomic Assignment: Hymenocarines, Famille : Odaraiidae
Nom d’espèce: Balhuticaris voltae
Remarques:

Les hyménocarines étaient des arthropodes ancestraux dotés de carapaces bivalves et de mandibules, formant l’essentiel des premiers mandibulés (représentés aujourd’hui par les myriapodes, les crustacés et les insectes) (Aria et Caron, 2017 ; Vannier et al., 2018). Chez de nombreux hyménocarines, dont Balhuticaris, il reste difficile de déterminer le nombre exact et les types d’appendices de la tête, ce qui rend difficile une compréhension détaillée des rapports évolutifs à l’intérieur de ce groupe. Balhuticaris appartient très probablement à la famille des Odaraiidae, un groupe d’hyménocarines au corps fortement multisegmenté, aux antennes réduites ou absentes et aux pattes fortement multisegmentées.

Nom du descripteur: Izquierdo-López & Caron
Date de la description : 2022
Étymologie :

Balhuticaris – inspiré de la créature mythologique « Balhut », animal aquatique géant décrit dans certaines cosmologies perses, et du latin caris, qui signifie « crabe » ou « crevette »

voltae – du catalan a volta, qui signifie « voûté ».

Spécimens types : Holotype ROMIP66238
Autres espèces :

Schistes de Burgess et environs : aucune
Autres dépôts : aucune

Âge et Sites

Age :
Cambrien moyen, étage Wuliuen, portion supérieure de la formation des schistes de Burgess (environ 505 millions d’années)
Sites principaux :

Marble Canyon, Tokumm Creek

Histoire de la recherche

Bref historique de la recherche :

Balhuticaris a été trouvé parmi les fossiles des sites de Marble Canyon et de Tokumm Creek au cours de plusieurs expéditions ayant eu lieu entre 2012 et 2022. À l’origine, les différents spécimens n’avaient pas été attribués au même organisme mais à des euarthropodes non identifiés ou peut-être à des radiodontes (Nanglu et al., 2020). Balhuticaris fut formellement décrit en 2022 (Izquierdo-López et Caron, 2022).

Description

Morphologie :

Balhuticaris est un grand arthropode bivalve qui peut atteindre 25 cm de longueur. La carapace, en forme de dôme, ne couvre que le premier quart de la longueur totale du corps. En vue frontale, elle ressemble à une voûte : chaque valve s’étend vers la face ventrale de l’animal, dépassant la longueur des pattes. La face dorsale s’étend vers l’extrémité postérieure, donnant aux valves en vue latérale une forme de « haricot ». La tête porte une paire d’yeux bien développés, pédonculés et « bilobés ». Elle porte également une paire d’antennes courtes et une structure qui pourrait représenter un sclérite de la tête. Le corps est fortement multisegmenté, comptant environ 110 segments postérieurs à la tête. Les quelque dix premiers segments sont plus longs, et portent des pattes dont la taille se réduit en direction de la tête. Tous les segments portent une paire de pattes, chacune subdivisée en deux branches, ou rames (càd biramée) : une rame locomotrice (endopode) et une rame natatoire et respiratoire, en forme de pagaie (exopode). L’endopode est fin et semble se subdiviser en 14 segments. L’exopode est ovoïde, et presque aussi long que l’endopode. Le dernier segment est plus long que les autres et de forme triangulaire aplatie. Il porte deux projections en forme de pagaie (rames caudales), subdivisées en trois segments. Ces projections sont ornementées de trois épines sur leur bord externe et des filaments allongés (setae) sur leur bord postérieur.

Abondance :

Balhuticaris est rare. Seule une douzaine de spécimens provenant des sites de Marble Canyon et de Tokumm Creek est connue.

Taille maximum :
Environ 25 cm.

Écologie

Mode de vie : Épibenthique
Mode d'alimentation : Épibenthique
Interprétations écologiques :

Balhuticaris est le plus grand des arthropodes bivalves cambriens connus à ce jour. Il dépasse en longueur Tuzoia (Vannier et al., 2007) et Nereocaris exilis (Legg et al., 2012), et rivalise avec d’autres arthropodes des schistes de Burgess, comme les radiodontes, y compris le plus grand spécimen complet d’Anomalocaris (Briggs, 1975) et Cambroraster (Moysiuk et Caron, 2019). Il demeure cependant plus petit que Titanokorys, dont la longueur est estimée à 50 cm (Caron et Moysiuk, 2021). L’anatomie générale de Balhuticaris, notamment son corps allongé et ses grandes rames caudales segmentées, porte à croire qu’il était probablement un bon nageur. L’hypothèse a été émise qu’il pouvait nager sur le dos (Izquierdo-López et Caron, 2022), comme l’apparenté Fibulacaris et, peut-être Odaraia (Briggs, 1981 ; Izquierdo-López et Caron, 2019). Bien que dépourvu d’appendices prédateurs préhensiles, Balhuticaris, en raison de sa grande taille, pourrait avoir eu une alimentation variant de filtreur à prédateur (Izquierdo-López et Caron, 2022), à l’image de certains des plus grands anostracés actuels (Fryer, 1966).

Références

  • ARIA, C. and CARON, J. B. 2017. Burgess Shale fossils illustrate the origin of the mandibulate body plan. Nature, 545: 89–92.
  • BRIGGS, D. E. G. 1975. Anomalocaris, the largest known Cambrian arthropod. Palaeontology, 22: 631–664.
  • BRIGGS, D. E. G. 1981. The arthropod Odaraia alata Walcott, middle Cambrian, Burgess Shale, British Columbia. Philosophical Transactions of the Royal Society of London. B, Biological Sciences, 291: 541–582.
  • CARON, J.-B. and MOYSIUK, J. 2021. A giant nektobenthic radiodont from the Burgess Shale and the significance of hurdiid carapace diversity. Royal Society Open Science, 8: 210664.
  • FRYER, G. 1966. Branchinecta gigas Lynch, a non‐filter‐feeding raptatory anostracan, with notes on the feeding habits of certain other anostracans. Proceedings of the Linnean Society of London, 177: 19–34.
  • IZQUIERDO-LÓPEZ, A. and CARON, J. B. 2019. A possible case of inverted lifestyle in a new bivalved arthropod from the Burgess Shale. Royal Society Open Science, 6: 191350:
  • IZQUIERDO-LÓPEZ, A. and CARON, J. B. 2021. A Burgess Shale mandibulate arthropod with a pygidium: a case of convergent evolution. Papers in Palaeontology, 7: 1877–1894.
  • IZQUIERDO-LÓPEZ, A. and CARON, J. B. 2022. Extreme multisegmentation in a giant bivalved arthropod from the Cambrian Burgess Shale. IScience, 25, 104675.
  • LEGG, D. A., SUTTON, M. D., EDGECOMBE, G. D. and CARON, J. B. 2012. Cambrian bivalved arthropod reveals origin of arthrodization. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, 279: 4699–4704.
  • MOYSIUK, J. and CARON, J.-B. 2019. A new hurdiid radiodont from the Burgess Shale evinces the exploitation of Cambrian infaunal food sources. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, 286:201910.
  • NANGLU, K., CARON, J. and GAINES, R. 2020. The Burgess Shale paleocommunity with new insights from Marble Canyon, British Columbia. Paleobiology, 46(1): 58–81.
  • VANNIER, J., ARIA, C., TAYLOR, R. S. and CARON, J. B. 2018. Waptia fieldensis Walcott, a mandibulate arthropod from the middle Cambrian Burgess Shale. Royal Society Open Science, 5:172206.
  • VANNIER, J. CARON, J. B., YUAN, J., BRIGGS, D. E. G., COLLINS, D., ZHAO, Y. and ZHU, M. 2007. Tuzoia: morphology and lifestyle of a large bivalved arthropod of the Cambrian seas. Journal of Paleontology, 81(3): 445–471.
Autres liens :

Zacanthoides romingeri

Zacanthoides romingeri (figure 3) illustré par Rominger (1887) sous le nom d’Embolimus spinosa.

Taxonomie:

Règne: Épibenthique
Embranchement: Épibenthique
Assignation taxonomique d’ordre supérieur: Trilobites (Ordre : Corynexochida)
Nom d’espèce: Zacanthoides romingeri
Remarques:

Les trilobites sont des euarthropodes éteints, probablement des représentants de la lignée souche des mandibulés, qui regroupent les crustacés, les myriapodes et les hexapodes (Scholtz et Edgecombe, 2006).

Nom du descripteur: Rominger
Date de la description : 1887
Étymologie :

Zacanthoides – probablement du grec z(a), « très », akanthion, « chardon », « porc-épic » ou « hérisson », et oïdes, « semblable à », soit très semblable à un chardon ou à un porc-épic.

romingeri – d’après Carl Rominger, paléontologue du Michigan qui a publié les premières descriptions de trilobites du mont Stephen en 1887.

Spécimens types : Statut du type en cours de révision – UMMP 4871 (deux spécimens) conservés au Musée de paléontologie de l’Université du Michigan, Ann Arbor, Michigan, États-Unis.
Autres espèces :

Schistes de Burgess et environs : Zacanthoides sexdentatus, Z. submuticus, Z. longipygus, Z. planifrons et Z. divergens, provenant tous de roches plus anciennes ou plus récentes du Cambrien moyen des monts Stephen, Odaray et Park (Rasetti, 1951).

Autres dépôts : autres espèces ailleurs en Amérique du Nord.

Âge et Sites

Age :
Cambrien moyen, zone à Bathyuriscus-Elrathina (environ 505 millions d’années).
Sites principaux :

Couches à trilobite sur le mont Stephen.

Histoire de la recherche

Bref historique de la recherche :

En 1887, Carl Rominger a publié la gravure d’un trilobite presque complet et nettement épineux qu’il a nommé Embolimus spinosa. En 1908, Charles Walcott a établi Zacanthoides spinosus pour décrire l’espèce du mont Stephen et un trilobite semblable du Nevada. En 1942, Charles Resser, de l’United States National Museum, affirme que l’espèce du mont Stephen est suffisamment distincte pour qu’on lui attribue un nouveau nom. Resser décide de rendre hommage à celui qui avait été le premier à décrire officiellement de nombreux trilobites du mont Stephen; Zacanthoides romingeri est toujours en usage.

Description

Morphologie :

Parties dures : l’exosquelette dorsal adulte peut mesurer jusqu’à 6 cm de long, s’amincissant à partir d’un grand céphalon en forme de croissant, à travers un thorax composé de neuf segments, jusqu’à un pygidium triangulaire relativement petit et arrondi présentant de longues épines marginales.

Les larges joues libres sont dotées de robustes épines génales; de courtes épines intragénales marquent les angles postérieurs des joues libres. La glabelle est longue et étroite, légèrement plus développée vers l’avant. On compte quatre paires de sillons glabellaires latéraux; les deux paires antérieures sont moins prononcées et forment un angle antérieur, alors que les deux paires postérieures sont plus prononcées et forment un angle postérieur. Les yeux, très longs et étroits, sont situés sur la partie antérieure du céphalon et se courbent en arc vers l’extérieur. L’anneau occipital se prolonge antérieurement en une épine robuste. Les longues épines terminales de la large plèvre se courbent progressivement vers l’arrière. Une mince épine émerge de l’anneau axial du huitième segment thoracique. Le pygidium compte quatre anneaux axiaux; cinq paires d’épines marginales, chacune plus courte que la précédente, sont orientées vers l’arrière et se prolongent au-delà de l’extrémité du pygidium.

Anatomie non minéralisée : inconnue.

Abondance :

Zacanthoides romingeri est relativement abondant dans les couches à trilobites sur le mont Stephen, mais absent sur la crête aux Fossiles. Les spécimens complets, avec les joues libres en place, sont très rares. L’espèce est surtout présente sous forme de sclérites désarticulées. Cependant, ses caractéristiques permettent habituellement de l’identifier facilement, même lorsqu’il s’agit de fragments isolés.

Taille maximum :
60 mm

Écologie

Mode de vie : Épibenthique
Mode d'alimentation : Épibenthique
Interprétations écologiques :

Zacanthoides romingeri adulte marchait très probablement sur le fond marin. Son aspect épineux servait peut-être à dissuader les prédateurs, ou encore, à « brouiller » sa silhouette, le rendant plus difficile à discerner sur le fond marin (Rudkin, 1996).

Références

RASETTI, F. 1951. Middle Cambrian stratigraphy and faunas of the Canadian Rocky Mountains. Smithsonian Miscellaneous Collections, 116 (5): 1-277.

RESSER, C. E. 1942. Fifth contribution to nomenclature of Cambrian trilobites. Smithsonian Miscellaneous Collections, 101 (15): 1-58.

ROMINGER, C. 1887. Description of primordial fossils from Mount Stephens, N. W. Territory of Canada. Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia, 1887: 12-19.

RUDKIN, D. M. 1996. The Trilobite Beds of Mount Stephen, Yoho National Park, p. 59-68. In R. Ludvigsen (ed.), Life in Stone – A Natural History of British Columbia’s Fossils. UBC Press, Vancouver.

RUDKIN, D. M. 2009. The Mount Stephen Trilobite Beds, p. 90-102. In J.-B. Caron and D. Rudkin (eds.), A Burgess Shale Primer – History, Geology, and Research Highlights. The Burgess Shale Consortium, Toronto.

SCHOLTZ, G. AND G. D. EDGECOMBE. 2006. The evolution of arthropod heads: reconciling morphological, developmental and palaeontological evidence. Development Genes and Evolution, 216: 395-415.

WALCOTT, C. D. 1888. Cambrian fossils from Mount Stephens, Northwest Territory of Canada. American Journal of Science, Series 3, 36: 163-166.

WALCOTT, C. D. 1908. Mount Stephen rocks and fossils. Canadian Alpine Journal, 1:232-248.

Autres liens :

Yuknessia simplex

Reconstitution 3D de Yuknessia simplex.
Reconstitution 3d De Phlesch Bubble © Musée Royal De L’ontario

Taxonomie:

Règne: Épibenthique
Embranchement: Épibenthique
Assignation taxonomique d’ordre supérieur: Sans object
Nom d’espèce: Yuknessia simplex
Remarques:

À l’instar de Walcott (1919), Conway Morris et Robison (1988) considéraient Yuknessia comme une algue verte. Toutefois, comme aucune nouvelle description du matériel type des schistes de Burgess n’a été publiée depuis la description initiale, les affinités phylogénétiques du genre demeurent incertaines.

Nom du descripteur: Walcott
Date de la description : 1919
Étymologie :

Yuknessia – d’après le mont Yukness (2 847m), pic situé dans le parc national du Canada Yoho, à l’est des schistes de Burgess.

simplex – du latin simplex, « simple », en référence à la simplicité de la morphologie de cette algue.

Spécimens types : Holotype – USNM 35406 conservé au Musée national d’histoire naturelle de la Smithsonian Institution, Washington, D.C., États Unis.
Autres espèces :

Schistes de Burgess et environs : aucune.

Autres dépôts : Yuknessia sp., de la formation de Niutitan du Cambrien inférieur, en Chine (Yang et al., 2003).

Âge et Sites

Age :
Cambrien moyen, de la zone à Bathyuriscus-Elrathina à la zone Ptychagnostus punctuosus (environ 505 millions d’années).
Sites principaux :

Schistes de Burgess et environs : carrière Walcott sur la crête aux Fossiles; couches à trilobites sur le mont Stephen.

Autres dépôts : à Y. simplex, des schistes de Spence du Cambrien moyen et des formations de Marjum et de Wheeler, dans l’Utah (Conway Morris et Robison, 1988).

Histoire de la recherche

Bref historique de la recherche :

Charles Walcott (1919) a décrit ce genre comme une possible algue verte. Une redescription non seulement du genre mais de toutes les algues des schistes de Burgess s’impose toutefois (voir Dalyia). Conway Morris et Robison (1988) ont décrit des spécimens de l’espèce récoltés dans plusieurs dépôts de l’Utah.

Description

Morphologie :

Cette algue est constituée de longues branches qui émergent d’une tige creuse courte mais large couverte d’éléments ou de plaques coniques de petite taille. Ces plaques correspondent aux points d’attache des branches à la tige et présentent d’étroites similitudes avec celles de Dalyia, ce qui laisse supposer l’existence d’une synonymie entre les deux espèces. Yuknessia formerait la structure principale de la tige, et Dalyia, les branches.

Abondance :

Yuknessia est très rare; il représente seulement 0,04 % de la faune de la carrière Walcott (Caron et Jackson, 2008).

Taille maximum :
30 mm

Écologie

Mode de vie : Épibenthique
Mode d'alimentation : Épibenthique
Interprétations écologiques :

Le fort calibre de la tige semble indiquer que l’espèce vivait fixée au fond marin, dans la zone photique, plutôt que de flotter librement.

Références

CARON, J.-B. AND D. A. JACKSON. 2008. Paleoecology of the Greater Phyllopod Bed community, Burgess Shale. Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, 258: 222-256.

CONWAY MORRIS, S. AND R. A. ROBISON. 1988. More soft-bodied animals from the Middle Cambrian of Utah and British Columbia. University of Kansas Paleontological Contributions, 122 p.

WALCOTT, C. 1919. Cambrian Geology and Paleontology IV. Middle Cambrian Algae. Smithsonian Miscellaneous Collections, 67(5): 217-260.

YANG, R., W. ZHANG, L. JIANG AND H. GAO. 2003. Chengjiang biota from the Lower Cambrian Niutitang Formation, Zunyi County, Guizhou Province, China. Acta Palaeontologica Sinica, 77: 145-150.

Autres liens :

Aucun

Odontogriphus omalus

Reconstitution 3D d’Odontogriphus omalus.

MODÈLE 3D DE PHLESCH BUBBLE © MUSÉE ROYAL DE L’ONTARIO

Taxonomie:

Règne: Épibenthique
Embranchement: Épibenthique
Assignation taxonomique d’ordre supérieur: Halwaxiidés (Clade non classé, groupe souche des mollusques )
Nom d’espèce: Odontogriphus omalus
Remarques:

Odontogriphus est un membre primitif du groupe souche des mollusques (Caron et al., 2006; Sigwart et Sutton, 2007) ou un membre du groupe souche des lophotrochozoaires, lesquels incluent les mollusques, les annélides et les brachiopodes (Conway Morris et Caron, 2007). Une relation avec les annélides a été évoquée (Butterfield, 2006), mais elle semble moins probable (Caron et al., 2007).

Nom du descripteur: Conway Morris
Date de la description : 1976
Étymologie :

Odontogriphus – du grec odontos, « dent », et griphos, « énigme », en référence au caractère incertain des affinités de l’organisme.

omalus – du grec homalos, « plat », en référence à la forme aplatie de l’animal.

Spécimens types : Holotype – USNM 196169 conservé au Musée national d’histoire naturelle de la Smithsonian Institution, Washington, D.C., États-Unis.
Autres espèces :

Schistes de Burgess et environs : aucune.

Autres dépôts : aucune.

Âge et Sites

Age :
Cambrien moyen, zone à Bathyuriscus-Elrathina (environ 505 millions d’années).
Sites principaux :

Carrière Walcott sur la crête aux Fossiles; couches à tulipes (S7) sur le mont Stephen.

Histoire de la recherche

Bref historique de la recherche :

Le premier spécimen connu, récolté par Walcott entre 1909 et 1924, n’a été étudié que plus de cinquante ans plus tard. Conway Morris a « redécouvert » l’empreinte et la contre-empreinte de ce spécimen dans différentes parties de la collection de Walcott et l’a décrit en 1976 sous le nom d’Odontogriphus omalus. Les affinités phylogénétiques d’Odontogriphus sont demeurées obscures jusqu’à ce que le Musée royal de l’Ontario découvre 189 nouveaux spécimens entre 1990 et 2000, ce qui a permis de réexaminer en profondeur l’animal (Caron et al., 2006).

Description

Morphologie :

Cet animal au corps entièrement mou, ovoïde et comprimé dorso-ventralement, peut atteindre 125 mm de long et 43 mm de large. L’avant et l’arrière du corps sont semi-circulaires et de mêmes dimensions. La bouche, en position ventrale, consiste en une radula à deux rangées de dents primaires. Entre l’arrière de la bouche et l’extrémité postérieure du corps se trouve un pied musculaire entouré de branchies (ou cténidies), sauf à l’avant. La surface dorsale est lisse et dépourvue d’écailles, d’épines ou de plaques. L’intérieur du corps contient un grand estomac, conservé, et un intestin étroit et rectiligne débouchant sur un anus subterminal.

Abondance :

La plupart des spécimens proviennent de la carrière Walcott, où Odontogriphus représente 0,42 % de la faune (Caron et Jackson, 2008). Un spécimen a été trouvé au mont Stephen (site S7).

Taille maximum :
125 mm

Écologie

Mode de vie : Épibenthique
Mode d'alimentation : Épibenthique
Interprétations écologiques :

La présence d’une radula permet de penser qu’Odontogriphus était un brouteur qui utilisait ses dents pour prélever et ingérer sa nourriture. Les ondes locomotrices générées par le grand pied musculaire lui permettaient vraisemblablement de ramper sur les fonds marins. Odontogriphus pourrait avoir brouté les amas en feuillets de la cyanobactérie Morania, car les deux organismes ont souvent été trouvés ensemble dans les mêmes couches fossilifères.

Références

BUTTERFIELD, N. J. 2006. Hooking some stem-group “worms”: fossil lophotrochozoans in the Burgess Shale. BioEssays, 28: 1161-1166.

CARON, J.-B., A. H. SCHELTEMA, C. SCHANDER AND D. RUDKIN. 2006. A soft-bodied mollusc with radula from the Middle Cambrian Burgess Shale. Nature, 442: 159-163.

CARON, J.-B., A. H. SCHELTEMA, C. SCHANDER AND D. RUDKIN. 2007. Reply to Butterfield on stem-group « worms: » fossil lophotrochozoans in the Burgess Shale. BioEssays, 29: 200-202.

CONWAY MORRIS, S. 1976. A new Cambrian lophophorate from the Burgess Shale of British Columbia. Palaeontology, 19: 199-222.

SIGWART, J. D. AND M. D. SUTTON. 2007. Deep molluscan phylogeny: synthesis of palaeontological and neontological data. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, 274: 2413-2419.

Autres liens :

http://www.nature.com/nature/journal/v442/n7099/full/nature04894.html