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Représentations schématiques de Perspicaris dictynna (en haut) et de Perspicaris recondita (en bas) à échelle (approximative).
© MARIANNE COLLINS
Perspicaris dictynna (ROM 61111). Spécimen à la carapace partiellement désarticulée. Longueur du spécimen = 21 mm. Spécimen sec, lumière directe (image de gauche) et lumière polarisée (image de droite). Carrière Walcott.
© MUSÉE ROYAL DE L’ONTARIO. PHOTOS : JEAN-BERNARD CARON
Perspicaris recondita (ROM 61113) – Empreinte et contre-empreinte. Spécimen complet avec ses appendices; le contenu du tube digestif est visible. Longueur du spécimen = 49 mm. Spécimen sec, lumière directe (images du haut) et lumière polarisée (images du bas). Carrière Walcott.
© MUSÉE ROYAL DE L’ONTARIO. PHOTOS : JEAN-BERNARD CARON
Perspicaris recondita (USNM 114255) – Holotype. Spécimen complet montrant les antennes, les yeux et le contenu de l’intestin. Longueur du spécimen = 66 mm. Spécimen sec, lumière polarisée (image de gauche); spécimen humide, lumière directe (image de droite). Carrière Walcott.
© SMITHSONIAN INSTITUTION – MUSÉE NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE. PHOTOS : JEAN-BERNARD CARON
Perspicaris dictynna (USNM 189280) – Holotype (empreinte et contre-empreinte). Spécimen complet révélant les appendices sous la carapace, qui a été partiellement disséquée (image de gauche). Longueur du spécimen = 18 mm. Spécimen sec, lumière polarisée. Carrière Walcott.
© SMITHSONIAN INSTITUTION – MUSÉE NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE. PHOTO : JEAN-BERNARD CARON
Perspicaris est étroitement apparenté à Canadaspis, mais la position phylogénétique du groupe fait l’objet de débats, la plupart des chercheurs les considérant comme des phyllocarides, sorte de crustacés (Briggs, 1977; Briggs et Fortey, 1989; Wills et col., 1998). Une position basale au sein de la lignée souche des euarthropodes a également été proposée (Budd, 2002).
Perspicaris – du latin perspicax, « à la vue perçante », et caris, « crabe » ou « crevette », donc « crevette à la vue perçante ».
dictynna – d’après Dictynna, autre nom de la déesse crétoise Britomartis, tombée dans les filets d’un pêcheur après qu’elle se fût jetée à la mer pour échapper au roi Minos, qui la poursuivait.
Schistes de Burgess et environs : P. recondita de la carrière Walcott sur la crête aux Fossiles.
Autres dépôts : ? P. dilatus et ? P. ellipsopelta des formations de Wheeler, Pioche, Marjum et Bloomington dans l’Utah et le Nevada (Robison et Richards, 1981; Lieberman, 2003).
Carrière Walcott sur la crête aux Fossiles. Couches à tulipes (S7) et couches à trilobites sur les monts Stephen, Odaray et Field.
Des spécimens de Perspicaris ont été décrits pour la première fois en tant qu’Hymenocaris par Walcott (1912), puis déplacés en tant qu’espèces de Canadaspis, notamment C. dictynna, par Simonetta et Delle Cave (1975). Un réexamen en profondeur des fossiles a conduit Briggs (1977) à créer un nouveau genre, Perspicaris, contenant deux espèces. Perspicaris a été mentionné dans plusieurs études des relations phylogénétiques des arthropodes (p. ex., Briggs et Fortey, 1989; Briggs et al., 1998; Budd, 2002).
Perspicaris est couvert d’une carapace bivalve, qui couvre tout son corps, excepté une paire d’yeux pédonculés dépassant à l’avant et la partie postérieure de son abdomen. Les valves de la carapace sont ovoïdes, rétrécies à l’avant et attachées l’une à l’autre le long d’une ligne cardinale droite. Immédiatement à l’arrière des grands yeux ovales se trouve une paire de robustes antennes segmentées. Le tronc consiste en dix segments thoraciques, auxquels sont attachés des appendices aux branches aplaties, suivis de sept segments abdominaux, puis d’une queue fourchue. Une trace d’intestin est parfois visible, lorsque l’organe a été colmaté par des sédiments. P. dictynna se distingue de P. recondita par sa queue plus allongée et plus épineuse et sa taille inférieure (longueur maximale de 2,9 cm contre 6,6 cm pour P. recondita).
P. dictynna et P. recondita sont relativement communs dans la carrière Walcott, où ils comptent pour moins de 0,1 % de la faune (Caron et Jackson, 2008).
Les grands yeux et les appendices en forme de palette (dépourvus de branche interne adaptée à la marche) suggèrent que Perspicaris nageait dans la colonne d’eau. Les antennes étaient probablement sensorielles plutôt que préhensiles (servant à manipuler les aliments). L’intestin rempli de sédiments chez certains spécimens indique que Perspicaris pourrait avoir été dépositivore, mais avec ses grands yeux, il pourrait également avoir été détritivore, voire prédateur.
BRIGGS, D. E. G. 1977. Bivalved arthropods from the Cambrian Burgess Shale of British Columbia. Palaeontology, 20: 596-612.
BRIGGS, D. E. G. AND R. A. FORTEY. 1989. The early radiation and relationships of the major arthropod groups. Science, 246: 241-243.
BUDD, G. E. 2002. A palaeontological solution to the arthropod head problem. Nature, 417: 271-275.
CARON, J.-B. AND D. A. JACKSON. 2008. Paleoecology of the Greater Phyllopod Bed community, Burgess Shale. Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, 258: 222-256.
LIEBERMAN, B. S. 2003. A new soft-bodied fauna: the Pioche Formation of Nevada. Journal of Paleontology, 77: 674-690.
ROBISON, R. A. AND B. C. RICHARDS. 1981. Larger bivalve arthropods from the Middle Cambrian of Utah. The University of Kansas Paleontological Contributions, 106: 1-28.
SIMONETTA, A. M. AND L. DELLE CAVE. 1975. The Cambrian non trilobite arthropods from the Burgess Shale of British Columbia. A study of their comparative morphology, taxonomy and evolutionary significance. Palaeontographia Italica, 69: 1-37.
WALCOTT, C. 1912. Cambrian Geology and Paleontology II. Middle Cambrian Branchiopoda, Malacostraca, Trilobita and Merostomata. Smithsonian Miscellaneous Collections, 57(6): 145-228.
WILLS, M. A., D. E. G. BRIGGS, R. A. FORTEY, M. WILKINSON AND P. H. A. SNEATH. 1998. An arthropod phylogeny based on fossil and recent taxa, p. 33-105. In G. D. Edgecombe (ed.), Arthropod fossils and phylogeny. Columbia University Press, New York.