Les schistes de Burgess

Canadia spinosa

Ver nageur doté de longues soies

Reconstitution 3D de Canadia spinosa.

Reconstitution 3d De Phlesch Bubble © Musée Royal De L’ontario

Taxonomie:

Règne: Animal
Embranchement: Annélides
Assignation taxonomique d’ordre supérieur: Clade non classé (groupe souche des polychètes)
Nom d’espèce: Canadia spinosa
Remarques:

Canadia a été brièvement comparé aux Chrysopetalidae modernes (famille des Palmyridae), mais ses similarités avec le groupe ont semblé trop générales pour permettre une inclusion (Conway Morris, 1979). Canadia est actuellement considéré comme un taxon du groupe souche des polychètes (Eibye-Jacobsen, 2004).

Nom du descripteur: Walcott
Date de la description : 1911
Étymologie :

Canadia – d’après Canada, pays dans lequel sont situés les schistes de Burgess.

spinosa – du latin spinosus, « plein d’épines », en référence à l’apparence hirsute de l’animal.

Spécimens types : Lectotype (USNM 57654) et paralectotypes (USNM 57651, 57653 et 83929 a à e) conservés au Musée national d’histoire naturelle de la Smithsonian Institution, Washington, D.C., États-Unis.
Autres espèces :

Schistes de Burgess et environs : aucune.

Autres dépôts : un spécimen provenant des schistes de Spence (Cambrien moyen de l’Utah) décrit en tant que Canadia sp. (Robison, 1969).

Âge et Sites

Age :
Cambrien moyen, zone à Bathyuriscus-Elrathina (environ 505 millions d’années).
Sites principaux :

Carrière Walcott sur la crête aux Fossiles.

Histoire de la recherche

Bref historique de la recherche :

Walcott (1911) a décrit deux espèces différentes de Canadia (C. setigera et C. spinosa) lors de son recensement initial des schistes de Burgess. Une description plus poussée a été donnée à partir de ses notes par Resser (Walcott, 1931), qui a ajouté plusieurs espèces au genre (C. grandisC. irregularisC. sparsaC. dubia et C. simplex). Conway Morris (1979) a établi une synonymie entre C. irregularis et C. grandis d’une part et C. spinosa d’autre part et a exclu les autres espèces du genre. Nick Butterfield (1990) est parvenu à isoler des écailles en dissolvant les fossiles dans l’acide. Ces écailles ont pu être comparées aux sclérites de Wiwaxia, ce qui suggère une affinité possible entre les deux taxons. Wiwaxia est maintenant considéré comme un mollusque primitif (Caron et coll., 2006); les écailles de Canadia et les sclérites de Wiwaxia seraient probablement convergentes. À l’instar de BurgessochaetaCanadia s’est avéré utile pour calculer l’ampleur de la décomposition des ensembles fossiles (Caron et Jackson, 2006).

Description

Morphologie :

Canadia est un ver aux nombreuses soies (polychète). Légèrement aplati dorso-ventralement, il mesure de 2 à 4 cm de long. Une paire de longs tentacules dépasse de son front. Les variations de forme observées au niveau de ces tentacules laissent penser que l’animal pouvait les contracter et les allonger. Le tronc est constitué de 20 à 22 segments, dotés chacun d’une paire d’appendices latéraux appelés « parapodes ». Les parapodes du premier segment sont simples (uniramés), mais ceux de tous les autres segments sont biramés, c’est-à-dire divisés en deux branches. Les parapodes de l’animal sont invariablement munis de setæ (soies) qui, du deuxième au dernier segment, forment deux faisceaux principaux: les notosetæ (faisceau dorsal) et les neurosetæ (faisceau latéral). Entre ces faisceaux se trouvent des branchies. Les notosetæ couvrent l’organisme de façon asymétrique, les soies les plus longues et les plus grosses étant proches de la ligne médiane. La surface latérale de la soie la plus volumineuse est crantée, et toutes les setæ arborent un motif de crêtes finement espacées, qui aurait conféré à Canadia vivant une sorte de lustre (Parker, 1998). L’animal avait un intestin droit et était doté d’une proboscide souple qu’il pouvait éverser (c.-à-d. retourner comme une trompe).

Abondance :

Canadia est relativement rare dans la carrière Walcott, où il représente 0,05 % seulement des spécimens dénombrés dans la faune (Caron et Jackson, 2008).

Taille maximum :
45 mm

Écologie

Mode de vie : Mobile, Nectobenthique
Mode d'alimentation : Carnivore
Interprétations écologiques :

Canadia vivait probablement près du plancher sous-marin et se serait servi des ondulations de son corps et de ses faisceaux de soies comme de nageoires pour se propulser dans l’eau. Ses tentacules auraient assuré une fonction essentiellement sensorielle et sa proboscide lui aurait permis de se nourrir d’organismes vivants ou morts.

Références

BUTTERFIELD, N. J. 1990. A reassessment of the enigmatic Burgess Shale fossil Wiwaxia corrugata (Matthew) and its relationship to the polychaete Canadia spinosa Walcott. Paleobiology, 16(3): 287-303.

CARON, J.-B. AND D. A. JACKSON. 2006. Taphonomy of the Greater Phyllopod Bed Community, Burgess Shale. PALAIOS, 21: 451-465.

CARON, J.-B., A. H. SCHELTEMA, C. SCHANDER, AND D. RUDKIN. 2006. A soft-bodied mollusc with radula from the Middle Cambrian Burgess Shale. Nature, 442: 159-163.

CARON, J.-B. AND D. A. JACKSON. 2008. Paleoecology of the Greater Phyllopod Bed community, Burgess Shale. Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, 258: 222-256.

CONWAY MORRIS, S. 1979. Middle Cambrian polychaetes from the Burgess Shale of British Columbia. Philosophical Transactions of the Royal Society of London. Series B, Biological Sciences, 285(1007): 227-274.

EIBYE-JACOBSEN, D. 2004. A reevaluation of Wiwaxia and the polychaetes of the Burgess Shale. Lethaia, 37: 317-335.

PARKER, A. R. 1998. Colour in Burgess Shale animals and the effect of light on evolution in the Cambrian. Proceedings of the Royal Society of London, Biological Sciences. 265: 967-972.

ROBISON, R. A. 1969. Annelids from the Middle Cambrian Spence Shale of Utah. Journal of Paleontology, 43: 1169-1173.

WALCOTT, C. D. 1911. Middle Cambrian annelids. Smithsonian Miscellaneous Collections, 57(2): 109-144.

WALCOTT, C. 1931. Addenda to descriptions of Burgess Shale fossils. Smithsonian Miscellaneous Collections, 85(3): 1-46.

Autres liens :