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Reconstitution 3D d’Anomalocaris canadensis
Reconstitution 3d De Phlesch Bubble © Musée Royal De L’ontario
Modèle 3D d’Anomalocaris canadensis
Modèle 3d De Phlesch Bubble © Musée Royal De L’ontario
Anomalocaris canadensis (GSC 3418) – Holotype. Pince isolée et revers de la plaque montrant l’étiquette originale (image du bas). Longueur du spécimen = 76 cm. Spécimen sec, lumière directe. Couches à trilobites sur le mont Stephen (collection McConnell).
© Commission Géologique Du Canada. Photo : Jean-Bernard Caron
Anomalocaris canadensis (GSC75535) – Empreinte et contre-empreinte. Spécimen partiel de un animal complet montrant une paire de pinces et une partie de la bouche (image de gauche). Longueur du spécimen = 127 mm. Spécimen humide, lumière polarisée. Carrière Raymond (collection GSC 1966-1967).
© Commission Géologique Du Canada. Photos : Jean-Bernard Caron
Anomalocaris canadensis (ROM51211) – Spécimen complet montrant la paire d’yeux, les pinces, les lobes et la queue en forme d’éventail. Spécimen humide, lumière directe. Carrière Raymond.
© Musée Royal De L’ontario. Photo : Jean-Bernard Caron
Anomalocaris canadensis(ROM51212) – Empreinte et contre-empreinte. Partie antérieure de un spécimen dont les pinces sont partiellement rentrées. Longueur du spécimen = 166 mm. Spécimen humide, lumière directe. Carrière Raymond.
© Musée Royal De L’ontario. Photos : Jean-Bernard Caron
Anomalocaris canadensis (ROM51213) – Empreinte et contre-empreinte. Partie antérieure d’un spécimen décomposé dont les pinces sont déployées. Longueur du spécimen = 166 mm. Spécimen humide, lumière directe. Carrière Raymond.
© Musée Royal De L’ontario. Photos : Jean-Bernard Caron
Anomalocaris canadensis (ROM51214) – Empreinte seulement. Spécimen complet montrant la paire de yeux, les pinces, les lobes et l’éventail caudal. Longueur du spécimen = 247 mm. Spécimen humide, lumière directe. Carrière Raymond.
© Musée Royal De L’ontario. Photo : Jean-Bernard Caron
Anomalocaris canadensis (ROM61040) – Empreinte et contre-empreinte. Pince avec segments, membranes intersegmentaires et épines bien conservés et possibles égratignures le long des segments. La photo de gauche est une image composite de celles de l’empreinte et de la contre-empreinte (la flèche blanche indique la zone de soudure des deux images). Longueur du spécimen = 115 mm. Spécimen sec, lumière polarisée (image de gauche); spécimen humide, lumière directe (images du centre et de droite). Carrière Raymond.
© Musée Royal De L’ontario. Photos : Jean-Bernard Caron
Anomalocaris canadensis (ROM61041) – Empreinte et contre-empreinte. Pièces buccales garnies de dents pointues. Diamètre du spécimen = 64 mm. Spécimen sec, lumière polarisée (les deux images). Carrière Walcott.
© Musée Royal De L’ontario. Photos : Jean-Bernard Caron
Anomalocaris canadensis(USNM57538) – Empreinte et contre-empreinte. Pièces buccales décrites initialement par Walcott comme l’holotype de Peytonia nathorsti, espèce aujourd’hui réfutée Diamètre du spécimen = 64 mm. Spécimen sec, lumière directe (image de gauche); spécimen humide, lumière polarisée (image de droite). Carrière Walcott.
© Musée Royal De L’ontario. Photos : Jean-Bernard Caron
Anomalocaris est un anomalocaride. Les anomalocarides ont été considérés comme un taxon basal des euarthropodes de la lignée souche (p. ex., Daley et al., 2009), un taxon basal des arthropodes chélicérates (p. ex., Chen et al., 2004) et un groupe-frère des arthropodes (p. ex., Hou et al., 2006).
Anomalocaris – du grec anomoios, « étrange », et du latin caris, « crevette » ou « crabe », soit « étrange crevette ».
canadensis – de Canada, le pays où se trouvent les schistes de Burgess.
Schistes de Burgess et environs : aucune.
Autres dépôts : A. pennsylvanica dans la formation de Kinzers du Cambrien inférieur, en Pennsylvanie (Resser, 1929); A. saron dans la faune de Chengjiang du Cambrien inférieur, en Chine (Hou et al., 1995); A. briggsi dans les schistes d’Emu Bay du Cambrien inférieur, en Australie (Nedin, 1995).
Carrières Collins, Raymond et Walcott sur la crête aux Fossiles; couches à trilobites, couches à tulipes (S7) et carrière Collins sur le mont Stephen; autres sites sur les monts Field et Stephen, près du glacier Stanley, et dans les schistes de Cranbrook du Cambrien inférieur, formation Eager, en Colombie-Britannique.
La description d’Anomalocaris est une histoire complexe. Certains chercheurs ont décrit isolément des parties de son corps avant de se rendre compte qu’elles provenaient d’un même animal. L’appendice frontal d’Anomalocaris a été décrit par Whiteaves (1892) comme le corps d’une crevette. Les parties buccales ont été présentées par Walcott (1911) comme la méduse Peytoia nathorsti. Un spécimen complet d’un anomalocaride a initialement été décrit comme étant le concombre de mer Laggania cambria (Walcott, 1911). Suite à un réexamen, Conway Morris (1978) a conclu qu’il s’agissait d’une superposition de « la méduse » Peytoia nathorsti sur une éponge. Henriksen (1928) a associé Anomalocaris à la carapace de Tuzoia, puis Briggs (1979) a avancé que le spécimen était plutôt l’appendice d’un arthropode inconnu, une hypothèse qui s’est confirmée.
Au début des années 1980, Harry Whittington résout le mystère de l’identité d’Anomalocaris en procédant à l’« excavation » d’un fossile non identifié des schistes de Burgess collecté lors de l’expédition de la Commission géologique du Canada. À sa grande surprise, Whittington découvre deux « crevettes » Anomalocaris attachées à la région céphalique d’un grand corps qui comportait lui aussi l’appareil buccal de la « méduse » Peytoia. D’autres fossiles de la Smithsonian Institution, à Washington, D.C., ayant subi un traitement semblable, révèlent la même morphologie générale, y compris le spécimen de Laggania cambria que Conway Morris (1978) avait interprété comme une superposition de la méduse Peytoia sur une éponge et qui, en fait, était une seconde espèce d’Anomalocaris. Ainsi, Whittington et Briggs (1985) ont pu décrire deux espèces: Anomalocaris canadensis, doté d’une paire d’appendices typiques à Anomalocaris, et Anomalocaris nathorsti, qui est doté d’un type différent d’appendices frontaux et qui comprend le spécimen original de Laggania cambria. Bergström (1986) a réexaminé la morphologie et l’affinité phylogénétique d’Anomalocaris et a avancé des similitudes avec les arthropodes.
Au début des années 1990, les fouilles des schistes de Burgess effectuées par le Musée royal de l’Ontario ont mené à la découverte de plusieurs spécimens complets qui ont permis à Collins (1996) de reconstruire Anomalocaris canadensis avec plus de précision. Ainsi, Anomalocaris nathorsti a été rebaptisé Laggania cambria. Depuis, Anomalocaris a fait l’objet de nombreuses études portant sur son affinité phylogénétique (par ex., Hou et al., 1995; Chen et al., 2004; Daley et al., 2009), son écologie (par ex., Rudkin, 1979; Nedin, 1999) et sa fonctionnalité morphologique (par ex., Usami, 2006).
Anomalocaris est un animal bilatéralement symétrique et dorso-ventralement aplati, dont l’exosquelette est non minéralisé. Son tronc est segmenté et comporte au moins 11 palettes natatoires latérales présentant des branchies. Son éventail caudal proéminent consiste en trois grandes paires de nageoires qui se prolongent verticalement à partir du corps. Chez certains spécimens, des glandes intestinales appariées sont associées aux segments du corps. La région céphalique est dotée d’une paire d’appendices antérieurs, deux yeux sur pédoncules et un appareil buccal circulaire, orienté ventralement et composé de nombreuses plaques épineuses. Les appendices frontaux sont allongés et comportent 14 segments dont chacun est muni d’une paire d’épines pointues sur la surface ventrale. Les yeux pédonculés sont dorsaux et relativement gros. L’appareil buccal ventral est composé de 32 plaques rectangulaires (4 grandes et 28 petites) disposées en cercle et hérissées d’épines orientées vers une ouverture centrale rectangulaire. Le spécimen le plus complet d’Anomalocaris est long de 25 centimètres. Cela dit, des fragments isolés laissent supposer que certains individus pouvaient atteindre jusqu’à 100 centimètres.
Les appendices frontaux d’Anomalocaris sont extrêmement communs dans les couches à trilobites sur le mont Stephen, et plusieurs centaines de spécimens d’appendices isolés et de parties buccales ont été collectés sur le mont Stephen et dans la carrière Raymond sur la crête aux Fossiles. Ces fragments sont relativement rares dans la carrière Walcott, où moins de 50 spécimens d’Anomalocaris sont connus (Caron et Jackson, 2008). Plusieurs douzaines d’assemblages désarticulés et 5 spécimens complets ont été recensés dans la carrière Raymond.
Le corps profilé d’Anomalocaris se prêtait à la nage. Les mouvements ondulatoires des palettes natatoires propulsaient l’animal dans la colonne d’eau et servaient peut-être aussi à ventiler les branchies. En position de nage, les appendices frontaux d’Anomalocaris pendaient sous son corps, mais en position d’attaque proie, sa tête et ses appendices étaient poussés en avant, à un angle de 180 degrés.
Les grands yeux, les appendices frontaux et l’appareil buccal hérissés d’épines ainsi que les glandes intestinales suggèrent un mode de vie prédateur. L’appareil buccal circulaire est sans pareil dans le règne animal. Il semble peu probable que l’animal s’en servait pour écraser les proies en opposant les plaques latérales, il s’en servait plutôt pour les saisir soit en pivotant les plaques vers l’extérieur, soit en les contractant vers l’intérieur. Certains ont avancé qu’Anomalocaris s’attaquait aux trilobites. Certains trilobites du Cambrien portent des cicatrices rondes ou en en forme de « W », qui ont été interprétées comme étant des morsures (Rudkin, 1979). Des coprolithes composés de parties de trilobites ont été trouvés dans les archives fossilifères du Cambrien. Or, les anomalocarides sont les seuls animaux qu’on sait avoir été assez gros pour produire de tels coprolithes. Anomalocaris aurait pu se nourrir en saisissant une extrémité du trilobite dans son appareil buccal et en secouant l’animal à l’aide de ses appendices frontaux jusqu’à ce que l’exosquelette se brise (Nedin, 1999). Cependant, l’appareil buccal non minéralisé d’Anomalocaris était probablement trop faible pour percer la coquille calcifiée des trilobites de cette façon, et les parties buccales ne portent aucune trace de cassure ou d’usure. Anomalocaris se nourrissait peut-être d’organismes à corps mou, y compris de trilobites à « carapace molle » au moment de la mue (Rudkin, 2009).
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