Les schistes de Burgess

Spartobranchus tenuis

Spartobranchus tenuis, ROMIP 65137

Taxonomie:

Règne: Hemichordés
Embranchement: Hemichordés
Assignation taxonomique d’ordre supérieur: Enteropneusta
Nom d’espèce: Spartobranchus tenuis
Remarques:

Spartobranchus est considéré comme faisant partie du groupe souche des entéropneustes ; il présente de nombreuses similitudes avec les entéropneustes actuels (Caron et al., 2013 ; Nanglu et al., 2020). Son corps tripartite, typique de ce groupe, est constitué d’un rostre en forme de gland, d’un collier cylindrique et d’un tronc allongé.

Nom du descripteur: Walcott
Date de la description : 1911 (nouvelle description en 2013)
Étymologie :

Spartobranchus – du grec ancien sparte, « corde (faite à partir du spartier) » et brankhia, « branchies ».

tenuis – mot latin signifiant « délicat, mince ».

Spécimens types : Lectotype – USNM 108494 ; Paralectotype – USNM 553526.
Autres espèces :

Schistes de Burgess et environs : aucune
Autres dépôts : aucune

Âge et Sites

Age :
Cambrien moyen, étage Wuliuen, formation des schistes de Burgess (environ 507 millions d’années).
Sites principaux :

Carrière Walcott.

Histoire de la recherche

Bref historique de la recherche :

Spartobranchus tenuis a été décrit pour la première fois par Walcott en 1911 comme un ver priapulide nommé Ottoia tenuis. Il a été retiré du genre Ottoia par Conway Morris en 1979, et formellement redécrit comme Spartobranchus tenuis, un entéropneuste, par Caron et ses collaborateurs en 2013.

Description

Morphologie :

Spartobanchus est un ver de petite taille, atteignant une longueur maximale de 10 cm. Son corps se compose de trois parties principales : un rostre, un collier et un tronc long et mince. Le rostre est ovale ou en forme de gland, d’où le nom commun anglais d’acorn worms (« ver gland ») donné à ces animaux. Le collier est une section cylindrique relativement courte derrière le rostre. Le tronc représente 90 à 95 % de la longueur totale du corps. Le corps entier est très flexible, et le rostre souvent replié sur lui-même. La partie antérieure du tronc s’appelle le pharynx, à l’intérieur duquel on observe des barres vraisemblablement collagineuses appelées barres branchiales, qui donnent à la structure son apparence striée. La partie postérieure du tronc renferme le tube digestif et est d’aspect relativement banal. Elle est souvent préservée sous une forme plus sombre que le reste du corps. L’extrémité postérieure du tronc se termine par une structure bulbeuse qui aurait pu servir à arrimer l’animal. Un quart environ des spécimens découverts s’accompagnent de tubes d’aspect fibreux qui étaient sécrétés par les vers. Ces tubes d’apparence ondulée peuvent prendre plusieurs formes : droite, fourchue, spiralée ou circulaire.

Abondance :

Plus de 9 000 spécimens, ce qui en fait l’espèce la plus abondante de la carrière Walcott.

Taille maximum :
Environ 10 cm.

Écologie

Mode de vie : Hemichordés
Mode d'alimentation : Hemichordés
Interprétations écologiques :

Spartobranchus était probablement un animal détritivore, car c’est le mode d’alimentation le plus courant chez les entéropheustes actuels qui sont morphologiquement très similaires. La présence d’un organe ciliaire préoral sur le rostre donne également à penser que les particules alimentaires étaient transportées du rostre à la bouche. L’animal était peut-être aussi un filtreur, compte tenu de l’aptitude de certains hémichordés fouisseurs à filtrer les particules d’aliments présentes dans l’eau interstitielle. Les tubes auxquels Spartobranchus est associé auraient servi d’habitation protectrice et étaient sécrétés par le rostre. Ces vers partageaient ce trait avec leurs proches parents, les graptolites. Certains grands tubes de la carrière Raymond (située à environ 20 m au-dessus de la carrière Walcott) semblent également contenir des entéropneustes dont la morphologie rappelle celle de Spartobranchus, mais qui n’ont toujours pas été formellement décrits (Nanglu et Caron, 2021). Ces tubes renfermaient également des polychètes, ce qui pourrait signifier l’existence d’une relation symbiotique entre ces vers.

Références

  • CARON, J.-B., CONWAY MORRIS, S., AND C. B. CAMERON. 2013. Tubicolous enteropneusts from the Cambrian period. Nature 495: 503-506
  • CONWAY MORRIS, S. 1979. The Burgess Shale (Middle Cambrian) fauna. Annual Review of Ecology, Evolution, and Systematics 10: 327–349.
  • NANGLU, K. AND J.-B. CARON. 2021. Symbiosis in the Cambrian: enteropneust tubes from the Burgess Shale co-inhabited by commensal polychaetes. Proceedings of the Royal Society B 288 (1951): 20210061.
  • NANGLU, K., J.-B. CARON, AND C. B. CAMERON. 2020. Cambrian tentaculate worms and the origin of the hemichordate body plan. Current Biology 30 (21): 4238-4244
  • WALCOTT, C. 1911. Cambrian Geology and Paleontology II. Middle Cambrian annelids. Smithsonian Miscellaneous Collections, 57(5): 109-145.
Autres liens :

Oesia disjuncta

Oesia disjuncta (USNM 57630) – Lectotype, (empreinte et contre-empreinte). Spécimen complet. Longueur du spécimen = 85 mm. Spécimen humide, lumière directe (images du haut) et lumière polarisée (images du bas). Carrière Walcott.

© SMITHSONIAN INSTITUTION – MUSÉE NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE. PHOTO : JEAN-BERNARD CARON

Taxonomie:

Règne: Hemichordés
Embranchement: Hemichordés
Classe: Enteropneusta
Nom d’espèce: Oesia disjuncta
Affinité:

Oesia est considéré comme un groupe souche des entéropneustes. Il possède un corps tripartite – rostre, collier et tronc – caractéristique du groupe (Nanglu et al., 2016 ; Nanglu et al., 2020).

Nom du descripteur: Walcott
Date de la description : 1911
Étymologie :

Oesia – d’après le lac Oesa, petit plan d’eau situé à quelques kilomètres au sud-est des schistes de Burgess.

disjuncta – du préfixe de négation latin dis et de junctus, « joint », probablement en référence à l’aspect de l’espèce.

Spécimens types : Lectotype – USNM 57630 conservé au Musée national d’histoire naturelle de la Smithsonian Institution, Washington, D.C., États-Unis.
Autres espèces :

Schistes de Burgess et environs : aucune.
Autres dépôts : aucune.

Âge et Sites

Periode :
Cambrien moyen, étage Wuliuen, formation des schistes de Burgess (ca. 505 millions d’années).
Sites principaux :

Marble Canyon (Kootenay National Park) et carrière Walcott, Colombie-Britannique.

Histoire de la recherche

Bref historique de la recherche :

Walcott (1911) a décrit l’espèce comme un ver polychète, mais cette vision a été contestée par Lohman (1920), partisan d’une affinité avec les tuniciers (chordés). Conway Morris (1979) a rejeté ces deux interprétations, et l’animal a par la suite été jugé problématique et sans affinité connue (Briggs et Conway Morris, 1986). Szaniawski suggéra en 2005 une affinité avec les chétognathes, mais cette idée fut contestée par Conway Morris en 2009. Nanglu et ses collaborateurs ont proposé en 2016 une redescription officielle d’Oesia en tant qu’entéropneuste (hemichordé).

Description

Morphologie :

Oesia varie en longueur de 2,4 à 120 mm, pour une longueur moyenne de 53 mm. La région la plus antérieure est un rostre ovale ou en forme de gland, qui explique le nom commun anglais d’acorn worms (« vers glands ») donné aux entéropneustes. Le rostre est souvent conservé avec une plus grande densité de carbone que les tissus environnants, ce qui donne à penser qu’il était très musclé, comme le rostre des entéropneustes actuels. Le rostre est suivi d’une courte région cylindrique appelée collier où se trouve la bouche. Suit une longue section cylindrique appelée tronc, de largeur à peu près uniforme. Contrairement à ce qu’on observe chez les entéropneustes actuels ou chez  Spartobranchus, le tronc d’Oesia n’était pas divisé en un pharynx et en un tronc postérieur. Les barres branchiales de collagène qui définissent le pharynx se poursuivent ici sur toute la longueur, ce qui donne à Oesia une apparence relativement rigide. On observe à l’extrémité postérieure une structure d’ancrage de forme bilobée qui a elle aussi conservé une forte teneur en carbone et qui, du fait de sa forme, suggère une possible action de préhension. Oesia est souvent trouvé à l’intérieur d’un autre fossile précédemment décrit comme l’algue Margaretia dorus, mais qui s’est depuis avéré être un tube sécrété par le ver, qui lui servait d’abris et de sans doute de filet de pré-filtration pour son alimentation. Ce tube était généralement deux fois plus large que son hôte et pouvait atteindre une longueur totale de près de 50 cm. Il présentait une série de pores disposés en spirale et pouvait former jusqu’à 5 ou 6 branches (plus couramment deux).

Abondance :

Oesia est relativement rare à la carrière Walcott, mais il est abondant à Marble Canyon, où il représente la troisième espèce en abondance avec 3 373 spécimens (Nanglu et al., 2020).

Taille maximum :
120 mm.

Écologie

Mode de vie : Hemichordés
Mode d'alimentation : Hemichordés
Interprétations écologiques :

Oesia était probablement un suspensivore comme le suggère son pharynx allongé équipé de nombreuses barres branchiales. Ces barres branchiales pourraient avoir été recouvertes de petites structures capillaires appelées cils dont les oscillations auraient engendré un flux d’eau vers la bouche et jusque dans le corps. L’excès d’eau était ensuite expulsé par des pores, tandis que la nourriture était acheminée dans le tube digestif. Les grands tubes d’Oesia se seraient dressés verticalement, les pores laissant l’eau entrer et sortir, permettant ainsi à l’animal de se nourrir des particules en suspension et de s’oxygéner.

Références

 

  • BRIGGS, D. E. G. AND S. CONWAY MORRIS. 1986. Problematica from the Middle Cambrian Burgess Shale of British Columbia, p. 167-183. In A. Hoffman and M. H. Nitecki (eds.), Problematic fossil taxa (Oxford Monographs on Geology and Geophysics No. 5). Oxford University Press & Clarendon Press, New York.
  • CONWAY MORRIS, S. 1979. The Burgess Shale (Middle Cambrian) fauna. Annual Review of Ecology and Systematics, 10(1): 327-349.
  • CONWAY MORRIS, S. 2009. The Burgess Shale animal Oesia is not a chaetognath: A reply to Szaniawski (2005). Acta Palaeontologica Polonica, 54(1): 175-179.
  • LOHMANN, H. 1920. Oesia disjuncta Walcott, eine Appendicularie aus dem Kambrium. Mitteilungen aus dem Zoologischen Staatsinstitut und Zoologischen Museum in Hamburg, 38: 69-75.
  • NANGLU, K., CARON, J.-B., CONWAY MORRIS, S.C., AND C. B. CAMERON. 2016. Cambrian suspension-feeding tubicolous hemichordates. BMC Biology 14: 1-9.
  • NANGLU, K., J.-B. CARON, AND C. B. CAMERON. 2020a. Cambrian tentaculate worms and the origin of the hemichordate body plan. Current Biology 30 (21): 4238-4244
  • NANGLU, K., CARON, J.-B. and GAINES, R. R. 2020b. The Burgess Shale paleocommunity with new insights from Marble Canyon, British Columbia. Paleobiology, 46, 58-81.
  • SZANIAWSKI, H. 2005. Cambrian chaetognaths recognized in Burgess Shale fossils. Acta Palaeontologica Polonica, 50(1): 1-8.
  • WALCOTT, C. 1911. Cambrian Geology and Paleontology II. Middle Cambrian annelids. Smithsonian Miscellaneous Collections, 57(5): 109-145.
Autres liens :

Aucun

Chaunograptus scandens

Chaunograptus scandens (ROM61106). Branche hérissée de part et d’autre de plusieurs petites thèques, à côté de l’arthropode Waptia fieldensis et de l’éponge Leptomitus lineatus. Longueur du spécimen = 14 mm. Spécimen humide, lumière directe (les deux images). Carrière Walcott.

© Musée Royal De L’ontario. Photos : Jean-Bernard Caron

Taxonomie:

Règne: Hemichordés
Embranchement: Hemichordés
Assignation taxonomique d’ordre supérieur: Graptolithines (Ordre : Dithecoidea, groupe souche des hémichordés)
Nom d’espèce: Chaunograptus scandens
Remarques:

Cette espèce appartient à un groupe primitif de graptolites, les Dithécoïdes, groupe frère des dendroïdes et des graptoloïdes (Rickards et Durman, 2006).

Nom du descripteur: Ruedemann
Date de la description : 1931
Étymologie :

Chaunograptus – du grec chaunos, « lâche » ou « vague », et graptos, « inscrit », en référence à l’aspect général de l’animal.

scandens – du latin scando, « grimper »; l’animal montait sur des éponges.

Spécimens types : Holotype – UNSM 83484 conservé au Musée national d’histoire naturelle de la Smithsonian Institution, Washington, D.C., États-Unis.
Autres espèces :

Schistes de Burgess et environs : aucune.

Autres dépôts : plusieurs espèces de ce genre existaient au Cambrien (Rickards et Durman, 2006; Ruedemann, 1947).

Âge et Sites

Age :
Cambrien moyen, zone à Bathyuriscus-Elrathina (environ 505 millions d’années).
Sites principaux :

Carrière Walcott sur la crête aux Fossiles.

Histoire de la recherche

Bref historique de la recherche :

Décrit par Ruedemann en 1931, Chaunograptus était classé à l’origine dans les hydroïdes (groupe maintenant considéré comme éteint), dans la classe des hydrozoaires (voir aussi Ruedemann, 1947), qui englobe aujourd’hui les méduses et les coraux. Il est maintenant établi, sur la foi de données probantes, que les graptolites forment un groupe primitif de ptérobranches au sein des hémichordés (voir Urbanek, 1986).

Description

Morphologie :

Chaunograptus scandens est un petit organisme colonial formé de plusieurs branches très fines et droites émergeant près de sa base. De part et d’autre de chaque branche se dressent, à intervalles réguliers, de courtes structures coniques (thèques).

Abondance :

La douzaine de spécimens trouvés à la carrière Walcott représentent seulement 0,021 % du total des spécimens recensés (Caron et Jackson, 2008).

Taille maximum :
25 mm

Écologie

Mode de vie : Hemichordés
Mode d'alimentation : Hemichordés
Interprétations écologiques :

À l’instar des formes modernes de rhabdopleuridés, Chaunograptus vivait probablement fixé aux substrats et se nourrissait en filtrant les particules de matière organique en suspension dans l’eau. D’après la description originale, Chaunograptus pourrait avoir monté sur l’éponge Leptomitus lineata (Tuponia lineata dans Ruedemann, 1931).

Références

CARON, J.-B. AND D. A. Jackson, 2008. Paleoecology of the Greater Phyllopod Bed community, Burgess Shale. Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, 258: 222-256.

RICKARDS, R. B. AND P. N. DURMAN, 2006. Evolution of the earliest graptolites and other hemichordates, p. 5-92. In M. G. Bassett and V. K. Deisler (eds.), Studies in Palaeozoic Palaeontology. National Museum of Wales Geological Series 25. National Museum of Wales, Cardiff.

RUEDEMANN, R. 1931. Some new Middle Cambrian fossils from British Columbia. Proceedings of the United States National Museum, 79: 1-25.

RUEDEMANN, R. 1947. Graptolites of North America. Geological Society of America Memoir, 19: 652.

URBANEK, A. 1986. The enigma of graptolite ancestry: lesson from a phylogenetic debate, p. 184-226. In A. Hoffman and M. H. Nitecki (eds.), Problematic Fossil Taxa (Oxford Monographs on Geology and Geophysics ° 5). Oxford University Press and Clarendon Press, Oxford.

Autres liens :

Aucun